Dans les alentours de Milan (I) une petite entreprise du nom de JAS Motorsport construit les Honda Civic et NSX de compétition
Si vous cherchez JAS Motorsport, accrochez-vous! Même si sa réputation est planétaire, la structure se cache dans une maison d’une totale discrétion, au fond d’une impasse, à Arluno dans les alentours de Milan. Un site sur lequel nous sommes arrivés après quelques détours imposé par un système de navigation disons… capricieux. A tel point que c’est sous escorte de deux agents de police particulièrement sympathiques que nous avons fini par trouver notre lieu de rendez-vous. Mais là n’est pas le propos…
A l’initiative de Honda Suisse et dans le cadre des «Sport days» organisés pour les propriétaires de Honda sportives, un petit groupe d’intéressés venus des quatre coins de la Suisse était convié à une visite chez les «sorciers» qui construisent les voitures de la marque engagées sur les circuits du monde. JAS, tire son nom des initiales de ses fondateurs, Paolo Jasson, Maurizio Ambrogetti, Giorgio Schon, qui ont créé leur structure en 1995. L’idée étant d’apporter un support professionnel à des marques automobiles engagées en sport automobile… Et logiquement pour des italiens, tout a commencé avec Alfa Romeo. «Nous faisions alors toute la préparation des voitures de la ‘Squadra Corse’ engagée en DTM», raconte Alessandro Mariani, directeur actuel de l’entreprise. Reste que la suite, dès 1997-98 est intimement liée au Japon plutôt qu’à l’Italie. «Il y a 21 ans que nous collaborons avec Honda avec des hauts et des bas, mais notre idylle continue», se réjouit Mariani. La saga JAS-Honda a commencé avec un certain Gabriele Tarquini alors pilote du championnat britannique des voitures de tourisme (BTCC)… Quelques années plus tard, en 2001, Honda se tournait vers la F1 et abandonnait ses autres projets. «Nous avons saisi l’opportunité et sommes devenus constructeurs plutôt que simple préparateur», explique le boss. JAS assure alors, et actuellement toujours, le service clients de la marque au ‘H’ stylisé. Civic, Accord, tourisme, rallye, tout est bon pour se tailler une sacrée réputation, avec notamment «une victoire au rallye des 1000 lacs en Finlande.»
En 2011, JAS donne l’impulsion au retour officiel de Honda sur la scène du tourisme mondial (WTCC)… Aujourd’hui, le gros projet consiste à entrer dans le microcosme des GT3 avec la NSX… «Une voiture qui roule déjà avec succès et plusieurs victoires en Chine et aux Etats-Unis… Un dossier sur lequel nous travaillons depuis trois ans…», souligne Alessandro Mariani. Et qui sur le plan européen prendra forme réelle avec une NSX aux couleurs Castrol engagée aux prochaines 24 Heures de Spa dans le cadre des Blancpain Series.
Concrètement, JAS s’occupe de tout… Avec un bureau d’ingénieurs dédié aux différents modèles «ils sont une dizaine pour la Civic Type R… Et une autre équipe s’occupe de la NSX… Au total, nous avons entre 80 et 100-110 collaborateurs selon les périodes de l’année», confie Mariani. Ah oui, le discours et la visite sont si passionnants que nous oublions un élément essentiel… C’est bien la première fois que nous sommes autorisés à entrer dans une telle structure avec un appareil photos et sans restrictions… «Nous n’avons aucun secret», affirme notre interlocuteur qui laisse même ses ingénieurs nous expliquer en détail la construction d’une voiture. Sachant que sur les Type R qui roulent actuellement en TCR les systèmes de refroidissement proviennent de chez VW et BMW comme le dévoile Mads Fischer responsable des activités clients de JAS… Autre secret, qui n’en est d’ailleurs pas vraiment un, le bloc de la NSX est développé sur la base d’une fonderie Cosworth… Intéressant aussi d’apprendre que la construction d’une Civic Type R commence chez JAS sur un ordinateur et par les roues. Une fois ces dernières positionnées vient le fond et l’étude de son inclinaison, puis la cage, etc… La suite de la mise au point se fait sur un écran avec un pilote virtuel… Puis sur un simulateur avec un pilote réel… Et sur circuit… «La combinaison de toutes ces infos permet de comparer les diverses données et d’améliorer les points faibles…», explique Tiago Monteiro, pilote officiel Honda et accessoirement en charge du développement de la NSX GT3.
Une fois terminé la visite de ce que nous appellerons le département Type R, nous avons parcouru quelques kilomètres pour nous rendre dans un autre bâtiment, aussi discret que le premier, et totalement dévolu au projet NSX GT3… Encore un atelier ouvert, des voitures en pleine préparation, des ingénieurs et autres mécaniciens ou soudeurs qui s’affairent et se réjouissent de passer à la piste pour mieux appréhender les résultats de leur boulot… Il est maintenant temps de refermer les portes de ces véritables cliniques pour voiture de course et de passer à une autre phase du programme «Honda Sport days», l’opportunité de rouler sur une piste, en l’occurrence le circuit Tazio Nuvolari situé à quelques dizaines de kilomètres au sud de Milan… Et ce en présence du pilote tessinois récemment entré dans a famille Honda, Stefano Comini. Mais c’est une autre histoire dont nous ne nous ferons pas les rapporteurs.
Crédit images: © Suisse AutoMag