Texte Gilles Rossel
Influenceuse ou vraie entrepreneuse? Reconnue dans les milieux de l’automobile et le monde horloger suisse, Megan Kohler a travaillé sans relâche pour réaliser ses rêves.
Trente ans et déjà aux commandes de son entreprise: figure de proue des influenceuses Romandes, Megan Kohler ne connaît pas de répit. Quand bien même elle ne souhaite pas être définie par ce label. Apprentie employée de commerce chez Honda Suisse, pigiste pour la Revue Automobile, puis spécialisée dans la communication avec l’agence genevoise Actua Film, la Suissesse a lancé sa société Apex Management en 2021. Partenaire avec les montres IWC Schaffhausen et Swiss Collector, elle compte parmi ses clients Sébastien Buemi, le Salon international de l’automobile de Genève ainsi que Klausen Cars, à Gland.
Comment êtes-vous devenu influenceuse?
Je n’aime pas tellement ce mot car je ne cherche pas à influencer mais à partager ce que je vis. J’utilise Instagram depuis ses débuts car j’adore la photo et je viens de lancer ma chaîne Youtube, mais ce n’était pas un choix conscient. Ça a pris de l’ampleur de manière inattendue.
Vient-on systématiquement vous chercher ou avez-vous poussé des portes?
On est toujours venu me chercher. J’ai récemment participé au Rallye de Genève avec les montres IWC Schaffhausen par le biais d’Instagram et non pas mon agence, ce qui prouve à quel point les réseaux sociaux sont une vitrine importante. C’est avant tout parce que j’ai la chance de travailler dans les domaines qui me passionnent.
Quel a été votre premier partenariat?
La marque de moto Triumph m’a vu comme une influenceuse à une époque où j’avais moins de followers. Ils savaient que j’aimais surtout les café racers et les modèles à l’ancienne, mais je n’avais pas le permis «gros cubes». Ils m’ont proposé de le faire en mettant leur gamme à disposition. L’expérience m’a permis de casser l’image de la femme «garçon manqué» sur une moto. J’avais une petite appréhension, mais il suffit de se lancer et on remplace vite le stress par le plaisir.
Quelle est votre recette pour faire du bon travail?
Je suis une petite instagrameuse qui mise sur les contenus de qualité. Il y a beaucoup de demandes que je refuse car je ne veux pas mettre en avant n’importe quoi. Ce ne serait pas intéressant pour les marques car elles ne toucheraient pas leur public, et je ne serai pas crédible. Voilà pourquoi je ne me définis pas comme une vraie influenceuse car je n’ai pas le stress de faire rentrer de l’argent à tout prix. Je vis de ma société et les réseaux restent un hobby.
Touchez-vous un public âgé ou les jeunes générations?
On a beau être en 2022, l’automobile et l’horlogerie sont encore marquées par le cliché «c’est pour les hommes», donc je touche surtout la gent masculine qui a les moyens. Mais ça bouge. Il y a un vrai intérêt de la part des jeunes qui ont des rêves et un objectif de vie. Je l’ai vécu à titre personnel: à 20 ans, je me suis fixé pour but d’acheter une voiture classique avant mes 30 ans et j’y suis parvenue avec une ancienne Mini Cooper de chez Klausen que j’adore. Bien sûr, j’ai passé des années à travailler jour et nuit. C’est un sacrifice, mais je me sens bien avec moi-même et j’ai besoin de sortir de ma zone de confort. En sortant d’apprentissage, si on m’avait dit que j’aurais ma société et tous mes clients, je n’y aurais jamais cru. Pendant ma scolarité, j’étais un vilain petit canard qui avait de la difficulté et qui devait juste se contenter de trouver un boulot. Aujourd’hui, ça reste compliqué d’être une femme dans ce milieu, mais je me suis battue et j’ai pu accéder à mes rêves. Si c’est de cette façon que je peux aider les jeunes, alors oui, je suis une influenceuse.
Des influenceurs virtuels pour vendre les voitures?
Phénomène en plein boom en Asie, les influenceurs en images de synthèse s’invitent partout dans le monde et font fureur sur Instagram et Tik Tok. Uniquement en Chine, les avatars virtuels contribuent à faire passer les recettes de l’industrie automobile à 2,8 milliards d’euros à l’horizon 2023, contre 860 millions en 2021. En Europe, Porsche est à la pointe de l’ère digitale grâce à une collaboration avec la startup chinoise iMaker. Outre la recherche d’une clientèle plus jeune, les influenceurs virtuels contribuent à donner un visage aux systèmes multimédia et à les rendre interactifs. De quoi rendre les voitures plus intelligentes que nous?