A l’initiative de La Bâloise assurance, un crash test avec voiture électrique a démontré la complexité de l’intervention des secours.
Jour de printemps pluvieux sur les hauts de Bienne plus précisément à Vauffelin, siège du DTC (Dynamic Test Center) spécialisé, entre autres, dans l’organisation de crash tests. A l’invitation de La Bâloise une brochette d’intéressés assistait à la collision d’une voiture traditionnelle avec une berline électrique. Objectif: observer les secours et prendre connaissance des mesures particulières qu’implique la présence d’une voiture à propulsion dite alternative.
En préambule, relevons que la présence toujours plus appuyée de voitures hybrides ou électriques n’est pas sans poser quelques problèmes aux ambulanciers et autres intervenants en cas d’accident. «Il s’agit pour eux de repérer s’ils ont à faire à un tel véhicule et d’organiser la chaîne de secours en conséquence», explique Daniel Junker expert automobile de la compagnie d’assurances. Ce d’autant plus qu’à priori aucune formation spécifique n’est encore officiellement dispensée au plan fédéral. Présent avec un détachement des pompiers professionnels de Bienne, Daniel Blunier, chef d’intervention, précise: «… A l’interne, nous suivons une formation spéciale pour ce genre de cas… Nous disposons aussi de matériel adéquat comme par exemple des souliers et des gants isolants et un casque doté d’une visière transparente recouvrant l’entier du visage.» Sachant que le cœur des inquiétudes est constitué par la présence de batteries au lithium qui, si elle est endommagée lors du choc, peut mettre la carrosserie sous tension et devenir source de réel danger.
Il s’agit donc pour les secouristes de s’assurer que la voiture qu’ils vont approcher n’est pas ‘électrifiée’… Si c’est le cas, les ambulanciers attendront que les pompiers sécurisent la zone d’intervention. Pour ce faire, le responsable du bataillon possède une tablette numérique dont le programme est mis à jour trimestriellement sur la base des indications fournies par les constructeurs. Il s’agit en l’occurrence de déterminer l’emplacement exact du connecteur des batteries afin de pouvoir débrancher la source électrique. Une fois cette opération effectuée, l’intervention peut commencer sur le mode traditionnel.
Reste que la problématique inhérente à la présence d’un véhicule électrique ne s’arrête pas au stade des secours… «Sur un tel véhicule le risque d’auto-combustion est beaucoup plus grand que sur un véhicule traditionnel», expliquent les spécialistes. De plus, «en cas de feu, les températures sont également beaucoup plus élevées.» Il s’agit donc, pour les pompiers, de contrôler en permanence la source de chaleur au moyen de caméras infrarouges. Mieux encore, un container spécifique au transport de voitures électriques pourrait être utile aux dépanneurs venus chercher l’épave pour éviter que cette dernière ne prenne subitement feu, dans un tunnel, par exemple. Le dit container est équipé de détecteurs de chaleur et d’un système qui fait baisser le taux d’oxygène pour limiter les risques de combustion.
Poussant la ‘plaisanterie’ jusqu’à l’extrême les organisateurs de cette journée fort instructive ont d’ailleurs fini par mettre le feu à l’épave de la voiture accidentée… Histoire d’aller jusqu’au bout du processus. Les observateurs ont alors constaté que si les garnitures du véhicule provoquent une fumée noire et nauséabonde, les batteries sont génératrices d’une fumée blanche et toxique. Quant aux pompiers, ils admettent qu’ils n’ont pour l’instant aucune autre solution que l’eau pour refroidir la source de chaleur. Autrement dit: «nous ne pouvons pas éteindre les batteries, juste les arroser longuement pour faire baisser leur température et vérifier de temps en temps avec la caméra thermique pour éviter que le feu ne reprennent.»
En conclusion de cette démonstration les ambulanciers relevaient la difficulté qu’ils ont à déterminer si une voiture est électrique ou non, «si notre estimation est fausse, nous prenons de très gros risques.» Par contre en matière d’incendie pur, divers intervenants soulignaient que la réalité était moins impressionnante qu’imaginée. A l’image des voitures électriques, la formation des secouristes est en plein développement et chacun souhaite que le processus s’accélère. «Les accidents impliquant des batteries au lithium exigent une conception particulière des secours… Les dites batteries sont par ailleurs de plus en plus présentes dans les voitures, mais aussi dans les appareils techniques ou électroménagers… Il est extrêmement important de réfléchir sans tarder à ce phénomène et de comprendre que seules des forces d’intervention bien entraînées pourront sauver des vies», estime Raphaël Murri responsable du département sécurité passive du DTC. https://www.youtube.com/watch?v=Zpcv1xUNDWs
Crédit images: Suisse AutoMag / vidéo DTC
Crédit images: Suisse AutoMag