Désormais traditionnelle, la rencontre avec les pilotes suisses de pointe s’est tenue sur le circuit neuchâtelois… Ambiance…
Au centre, Neel Jani pilote Porsche et champion du monde (WEC) en titre… A sa droite, Sébastien Buemi (Toyota) vainqueur des deux premières manches de la saison d’endurance et champion du monde (WEC) en 2014… Et à sa gauche, Marcel Faessler, premier helvète vainqueur du double tour d’horloge manceau, récidiviste à deux reprises et champion du monde (WEC) en 2012. Admettons-le, que du beau monde. Et ce même si le troisième nommé n’a cette année aucune chance de victoire au général suite au retrait d’Audi en fin de saison dernière.
Les deux meilleurs adversaires, ils sont aussi bons amis, qui pourraient une fois encore faire chavirer le cœur des suisses lors des 24 Heures du Mans millésime 2017, s’appellent donc Jani et Buemi. Pour (triste) mémoire la Toyota du second était en tête de course l’an dernier jusqu’à l’avant dernier tour… Puis s’était arrêtée laissant piste libre à la Porsche du premier cité. Mais au Mans l’histoire se refait chaque mois de juin et l’édition contemporaine, la 85ème, ne devrait pas échapper à la règle. Compte tenu de son excellent début de saison et des résultats enregistrés lors de la journée de test Toyota semble assez largement favori. Mais en sport automobile, qui plus est lors d’une course d’un jour, rien n’est gravé dans le marbre avant le passage sous le drapeau à damiers… Alors «wait and see», comme disent les Britons.
Pour le troisième larron de ce trio helvétique mythique, Marcel Faessler, le présent millésime sera plus tranquille, ou pas… Engagé, comme en 2009, sur une Corvette officielle, le triple vainqueur du Mans devra se contenter de regarder passer ses petits camarades de la division LMP1… Mais pourrais bien décrocher une couronne de catégorie. Affaire à suivre…
Sentiments, analyse, info ou intox, voici venir quelques morceaux choisis des interviews réalisés du côté de Lignières, à quelques jours de la semaine du Mans qui déterminera d’abord le positionnement sur la grille de départ, de nuit aussi, avant de sacrer un nouveau vainqueur. Porsche ou Toyota? Bien malin qui peut aujourd’hui le dire…
Neel Jani, vainqueur 2016 et champion du monde en titre.
Vous avez une belle montre, la portez-vous en course?
C’est interdit pour des raisons de sécurité… Un peu comme les boucles d’oreilles ou autres accessoires du genre en foot.
Après un début de saison en demi-teinte, comment abordez-vous Le Mans 2017?
D’abord, je suis très surpris du comportement des Toyota durant la journée de test, ce qui confirme que nous ne sommes pas favoris… Mais au Mans, il ne s’agit pas seulement d’être rapide, il faut être constant durant 24 heures.
Votre équipe a-t-elle une stratégie bien définie et d’ores et déjà déterminée?
Au Mans, il est quasi impossible de planifier la course entière, tu peux le faire pour la première heure, ensuite il faut être réactif, flexibles et prendre les décisions qui s’imposent rapidement au gré des circonstances. Sans oublier que dans la Sarthe plus encore qu’ailleurs, l’erreur de pilotage guette même les meilleurs.
Pour vous qu’elle est la clé pour aborder ces 24 Heures dans les meilleures conditions?
Sur le plan personnel, il s’agit d’arriver au Mans bien reposé et en bonne forme… La semaine est longue et les heures de sommeil réduites…
Et sur la piste?
Comme déjà dit, c’est difficile, voire impossible de planifier. En 2016, Porsche faisait des relais de 13 tours, Toyota 14… Cette année nous devrions arriver à tourner sur 14 aussi, j’espère que Toyota n’aura pas trouvé un truc pour faire 15.
Qu’elle est la dotation réglementaire de carburant au tour?
Franchement, la question ne m’intéresse pas vraiment et n’est pas de mon ressort… Mais je pense que nous devons avoir environ 3 litres par tour. Vous savez, chez Porsche nous avons soixante ingénieurs par voiture, ils s’occupent de ce genre de choses…
Vos voitures sont très complexes et les dits ingénieurs vous transmettent une foule de consignes… Pas trop compliqué à suivre?
Nous devons effectivement faire un tas de choses en même temps… Le box nous donne régulièrement des renseignements… Par exemple, «bravo 45». Nous devons alors trouver le ‘B’ et les deux chiffres correspondants sur notre volant, puis confirmer… En course, il s’agit de gérer ça en plus de la vitesse et des dépassements… Pas toujours évident, mais un pro doit pouvoir assumer…
Quand vous n’êtes pas au volant, que faites-vous?
Je joue beaucoup à la Play station…Généralement plutôt sur le programme Fifa et avec l’équipe de Dortmund…
Sébastien Buemi
Le souvenir de 2016 est-il encore dans vos pensées?
Bien sûr, mais je suis maintenant concentré sur la course 2017…
Entre le WEC avec Toyota et la Formule E avec Renault, vous avez un programme de dingue…
Un peu c’est vrai, mais j’ai surtout un joli capital chance sur les deux tableaux. C’est assez incroyable de pouvoir bénéficier de deux voitures aussi compétitives dans deux disciplines aussi différentes… Et qui plus est d’être en tête des deux championnats.
D’accord, mais il faut gérer… D’autant plus que vous faites encore du simulateur et des essais pour Red Bull…
L’agenda est quelque fois difficile à mettre en place… Par contre, j’ai l’avantage de pouvoir être toute l’année, ou presque, au volant. Alors que les autres font la pause entre les saisons. Et puis, entre Toyota, Renault et Red Bull tout se passe bien… C’est génial de pouvoir bénéficier des meilleures technologies dans trois domaines.
Au Mans, cette année sera-t-elle celle de Toyota?
Ce que je peux dire c’est que nous avons beaucoup travaillé… La coque mise à part la voiture est totalement différente de celle de Silverstone et Spa. Mais comme l’a dit Neel, au Mans tout est possible.
Comme de battre le record de Jani, par exemple?
Il sera battu, j’en suis persuadé… Mais il faut le faire au premier tour ou alors attendre les derniers instants de la dernière séance, quand beaucoup de voitures restent aux stands.
Vous êtes très éclectique, certains vous revoient en F1, qu’en est-il?
La F1, le WEC, la Formule E, et bien d’autres choses m’intéressent… Mais je ne veux pas faire n’importe quoi juste pour pouvoir dire ‘je l’ai fait’… J’ai des propositions, je dois faire les bons choix. Et puis, un jour j’aimerais faire quelques rallyes, dont le Chablais bien sûr…
Avec le WEC au Nürburgring et La Formule E à New-York aux mêmes dates, le calendrier de la FIA ne vous est pas favorable. Que ferez-vous?
La priorité contractuelle va à Toyota, louper le ‘Nürburg’ est quasi inimaginable, d’autant plus si je joue le titre… Mais je pourrais envisager de faire la course de NY le samedi et être en Allemagne le dimanche…
Marcel Faessler
Après le retrait d’Audi, comment vivez-vous votre passion de la compétition?
En fait, je suis encore sous contrat avec Audi jusqu’à la fin de l’année prochaine. Alors je participe à différentes courses de GT avec la R8 LMS, comme récemment les 24 heures du Nürburgring. Et puis Audi et Corvette ont trouvé un arrangement pour que je puisse rouler au Mans.
Une Corvette après la LMP1 quel changement…
Ce sera plus compliqué, moins de vitesse signifie aussi que je devrai plus regarder dans les rétros. Par contre et même si ça s’annonce difficile, j’aimerais bien remporter une victoire de catégorie.
Dans votre ancienne équipe l’amitié était de mise, qu’en est-il maintenant?
Chez Corvette l’ambiance est bonne, je connais déjà mes coéquipiers avec qui j’ai roulé ponctuellement, notamment aux Etats-Unis. Mais une ambiance, des liens comme nous avions chez Audi avec André (Lotterer) et Benoît (Tréluyer), tu trouves ça une fois dans ta vie…
En termes de préparation la différence aussi doit être sensible, non?
C’est clair, nous avons beaucoup moins roulé, mais l’auto que j’ai déjà conduit par le passé n’a que très peu changée. Chez Audi, même si cela n’était pas forcément apparent, nous avions une nouvelle voiture chaque année.