Au Mans, les observateurs attendaient Toyota, ou Porsche… A trois heures du terme c’est une LMP2 qui était prête à créer la surprise.
Quasi inimaginable pour les habitués et autres pronostiqueurs, le scénario de cette 85ème édition des 24 heures du Mans a bien failli tourner la débâcle pour les grosses cylindrées d’usine… Avec la victoire d’une LMP2 réglementairement privée. Une véritable baffe pour les énormes moyens et donc budgets engagés tant par Toyota que par Porsche. Il a fallu une remontée hallucinante de la Porsche No 2 (image de Une) revenue de nulle part pour que l’honneur des P1 soit sauf.
Mais reprenons l’histoire samedi à 15 heures. Grandes bénéficiaires des qualifications les Toyota, par ailleurs au nombre de trois, menait le bal le drapeau bleu-blanc-rouge à peine abaissé. Plus en forme qu’imaginé, les Porsche restaient au contact, jouaient placées et maintenaient la pression. Puis la #2 connaissait ses premiers soucis… Les Toyota dominaient certes leur sujet, mais Neel Jani et la Porsche #1 étaient parfaitement dans le coup. Tombée dans les tréfonds du classement, la voiture sœur de l’écurie allemande semblait devoir jouer les faire-valoir. C’était sans compter sur l’esprit du Mans… La nuit tombée les deux Toyota de tête connaissaient de gros problèmes quasi en même temps… Il était 3 heures du matin lorsque les Japonais publiaient un communiqué… «Toyota connaît une nuit d’agonie… En 30 minutes la voiture de tête (#7) et sa poursuivante (#8) ont dû abandonner leur domination… La première pour des problèmes d’embrayage, la seconde heurtée par un LMP2.» Du coup, la Porsche #1 de Neel Jani, André Lotterer et Nick Tandy héritait du commandement. Et ne le lâchait plus jusqu’aux environs de 11 heures dimanche matin…
A la radio officielle des 24 Heures, Tandy disait que le trio voulait assurer le coup précisant que l’auto tournait comme une horloge… A-t-il porté la poisse à son équipe? Allez savoir… Toujours est-il que quelques tours plus tard la voiture de tête ralentissait sérieusement du côté du Tertre Rouge… Les drapeaux blancs des commissaires signalaient effectivement une voiture au ralenti… Au volant, André Lotterer se tenait le casque, empruntait les bordures et manifestait sa ferme intention de revenir aux stands. «Baisse de la pression d’huile», annonçait le pilote… Les ingénieurs lui demandaient alors de couper le contact du moteur à combustion… Mais la transmission électrique ne suffisait pour accomplir les kilomètres nécessaires à rentrer aux boxes… Et après quelques centaines de mètres la Porsche #1 s’arrêtait… Et les LMP2 prenaient le pouvoir… Avec en tête de liste et de course la #38 de l’écurie Jackie Chan… Et la Rebellion #13 en poursuivante… La surprise mancelle du chef mijotait…
Incroyable, mais vrai! Une P2 était en passe de l’emporter… Chez Porsche tous les espoirs se reportaient alors sur la #2 qui après avoir passé la barre des cinquante premiers rangs, 55ème après 5 heures de course, revenait «ventre à terre». Il restait quatre petites heures et au rythme de quelque dix secondes au tour, la P1 remontait voiture après voiture, place après place… Pour finalement prendre la tête à une quarantaine de tours du drapeau à damiers…
Le millésime 2017 des 24 Heures du Mans restera probablement dans les mémoires et dans les livres comme celui qui a permis à des écuries privées (LMP2) de chatouiller, voire faire trembler, les grosses cylindrées d’usine… Et également, pour Toyota, comme une nouvelle tentative manquée de s’imposer au Mans. Comment dit-on «caramba encore raté» en japonais?
En P2, hormis cette fantastique opportunité de remporter le Mans, la course a été somptueuse… Les Rebellion – Valliante se sont battues au sommet durant l’ensemble du double tour d’horloge, avant que la #31 ne connaisse des soucis moteur en fin de matinée… Engagé avec Manor, le Neuchâtelois Jonathan Hirschi termine 8ème du général, et 7ème de la catégorie…
En LM GTE Pro, Marcel Faessler (Corvette) est 25ème du général…
Crédit images: Suisse AutoMag