La PME fribourgeoise Swiss Hydrogen développe des piles à combustible et ouvre une station d’hydrogène.
En préambule levons un doute. Oui, Swiss Hydrogen est bien une société helvétique. Même si en introduisant le nom éponyme sur un moteur de recherche, le curieux se verra proposer un site totalement anglophone… Difficile donc pour le simple péquin de comprendre réellement ce que mijote Swiss Hydrogen dans ses ‘cuisines’ de Fribourg. Essayons tout de même puisqu’une récente conférence de presse a permis d’informer les intéressés et autres passionnés de nouvelles technologies et d’énergies renouvelables des activités et réalisations signées Swiss Hydrogen. Mais reprenons depuis le début de cette histoire qui fleure bon le succès…
Passé…
Pour retrouver les origines de Swiss Hydrogen, il faut tourner les pages du calendrier à l’envers et remonter jusqu’en 2005… Année durant laquelle le centre de recherche du groupe Michelin basé à Givisiez (FR) développe une petite voiture à hydrogène avec une pile à combustible construite par l’institut Paul Scherrer (laboratoire fédéral). Les promoteurs prennent alors langue avec les électriciens qui eux-mêmes s’adresse à de potentiels ‘sponsors’ industriels… Et en 2007, c’est Nicolas G. Hayek qui saute dans le bain. Les protagonistes fondent alors la société Belenos, aujourd’hui filiale du Swatch Group… Issue de Belenos, la PME Swiss Hydrogen s’appuie désormais sur le Groupe E et reprend les différents travaux pratiques liés à l’hydrogène et ses applications, notamment en matière de carburant.
Reste que si l’on en croit les historiens, Michelin, Hayek ou Swiss Hydrogen n’ont rien inventé… Selon les livres, les premiers soubresauts de l’effet pile à combustible datent de 1802 et sont attribués à Henry Davy… D’autres sources les attribuent à un allemand du nom de Schönbein en 1839… Reste que tous s’accordent sur l’année 1932, qui aurait vu le Britannique Francis Thomas Bacon reprendre le dossier, se lancer dans de longues études et finalement réaliser un premier prototype de pile à combustible en 1953… Notons aussi que les vaisseaux Apollo étaient équipés de piles à combustible et que General Motors a été le premier constructeur à présenter un véhicule à hydrogène en 1966… Mais certains citent pour référence l’écrivain Jules Verne et son roman «L’île mystérieuse» (1874) dans lequel l’ingénieur Cyrus Smith parle de «… l’eau décomposée en ses éléments constitutifs pour devenir carburant…», mieux encore, il croit «que l’eau sera un jour utilisée comme combustible» et il pense que «l’hydrogène et l’oxygène qui la constituent fourniront une source de chaleur et de lumière inépuisable…» le tout se terminant par une affirmation: «L’eau est le charbon de l’avenir».
Avenir…
Laissons là l’histoire et venons-en au sujet du jour, Swiss Hydrogen. La ‘start up’ a dernièrement inauguré une station à hydrogène sur le site Blue Factory de Fribourg. Signalons au passage qu’elle ne sera pas ouverte au public. Mais Swiss Hydrogen produit également des piles à combustible à la fois légères et compactes qui peuvent être intégrées dans une voiture électrique, par exemple, pour en prolonger l’autonomie. Sur le site fribourgeois une Fiat 500 et un Renault Kangoo Z.E. sont équipés d’une pile à combustible maison et font l’objet de tests poussés. Le second nommé possède une autonomie de 170 km en version usine, avec le ‘range extender’ de Swiss Hydrogen la limite passe à 340 km. Et puis il y a la transformation effectuée sur un camion de livraison qui roule désormais à l’hydrogène. Mais l’entreprise qui occupe aujourd’hui une quinzaine de collaborateurs n’est pas uniquement attachée à la route, elle a également des vues sur les transports maritimes, notamment.
Reste qu’à l’instar d’autres carburants dits alternatifs ou écologiques, la médaille de l’hydrogène a aussi son revers. S’il est fabriqué avec des énergies fossiles, à l’image de l’électricité issue du charbon, l’hydrogène est certes exempt de rejets à l’utilisation mais hautement polluant à la fabrication. Un autre volet dont tient compte Swiss Hydrogen qui procède par électrolyse… Tentons de faire simple, il s’agit en l’occurrence de décomposer l’eau à l’aide d’un courant électrique… Puis de combiner l’hydrogène à l’air pour créer une réaction chimique qui génère l’électricité. Reste que selon une étude parue l’an dernier au niveau mondial quelque 90% de l’hydrogène seraient produits à partir d’énergies fossiles.
Autre soucis encore à l’étude que le rendement énergétique de la pile à combustible qui selon les responsables de Swiss Hydrogen est effectivement d’environ 30%… D’autres parlent de 30 à 70%, mais généralement 50%… L’EPFL a mené un test avec des piles à combustible céramiques dont l’efficacité a été mesurée à 68%… En comparaison le rendement énergétique d’un groupe électrogène est estimé à quelque 25%…
«C’est clair, l’hydrogène est une solution d’avenir», lancent les responsables de Swiss Hydrogen. Le distributeur Coop en est déjà persuadé puisqu’il propose actuellement l’unique station-service helvétique et publique avec colonne à hydrogène, sur le site d’Hunzenschwil (AG)… Et si les constructeurs automobiles ont de nombreux modèles à hydrogène dans leurs tiroirs, signalons encore qu’en Suisse, seul Hyundai commercialise aujourd’hui une voiture du genre, à savoir le SUV ix35.
Et puis, l’espoir fait vivre, lors du dernier World Economic Forum de Davos a été fondé l’Hydrogen Council. Une alliance dédiée qui regroupe de grands noms de l’automobile et de la mobilité ainsi que des pétroliers qui ont promis d’investir 1.4 milliard par an pour développer l’exploitation de l’hydrogène.