Sur le circuit de Sakhir (Bahrein) Audi s’est offert un doublé pour ses adieux… Et Neel Jani est devenu champion du monde.
Incroyable mais vrai, le titre mondial des pilotes décroché par Neel Jani, Marc Lieb et Romain Dumas a presque été ‘oublié’ par les principaux médias relatant les péripéties du WEC (championnat du monde d’endurance). Les chaines télévisuelles francophones ont concentré leurs commentaires sur la fin de l’aire Audi et le départ de Mark Webber… Voire sur les ‘pauvres’ pilotes français qui ne savent pas de quoi leur avenir sera fait… Dommage!
Bon force est d’admettre que le WEC et Audi ont tout fait pour que l’événement du retrait de la marque aux anneaux ne passent pas inaperçu et soit célébrer comme il se doit. D’abord surprise! Sur la grille de départ et durant les trous de mise en place les deux Audi étaient devant le peloton alors que la #7 n’avait réalisé ‘que’ le 4ème chrono des qualifs… Hommage!
Pour le reste, que cette course qui n’a de toute évidence pas été la plus disputée de la saison, en LMP1 du moins, nous a paru longue de chez longue… Mais peu importe retournons à l’action… Revenues de nulle part après leur prestation misérable de Shanghai, les deux voitures chères au Docteur Ullrich ont écrasé, et le mot est encore faible, la course et la concurrence. Dominatrices comme rarement, de quoi susciter des regrets, les Audi n’ont pas quitté la tête du peloton… Et c’est avec un doublé qu’elles disent Adieu au peloton du WEC et à ses suiveurs…
Il n’empêche, pour beaucoup, pour ne pas écrire pour une majorité, l’intérêt de la course était ailleurs. Et notamment dans le duel qui opposait, sur le papier du moins, la Porsche #2 (Jani-Lieb-Dumas) et la Toyota #6 (Sarrazin, Conway, Kobayashi) pour le titre pilotes… Disons-le d’emblée, duel il n’y a pas eu! Brillantes à Fuji et Shanghai les Toyota ont semblées complètement hors du coup du côté de Bahrein. Les Porsche et plus particulièrement la #2 souvent à la traîne ces dernières semaines, semblaient revigorées. Elles ne parvenaient certes pas à suivre les Audi, mais ne paraissaient pas redouter les Toyota… Sauf que… Son deuxième relais à peine entamé, Neel Jani se faisait une énorme frayeur… Heurté par une GT, une Porsche c’est le comble, le désormais champion du monde devait repasser par les boxes pour changer la roue arrière gauche de sa 919 dont la jante était cassée et le capot postérieur sérieusement marqué… Deux minutes d’arrêt qui à ce stade de la course, 2ème heure, pouvait mettre le doute dans les esprits. Au chapitre calculette par contre tout allait bien Madame la Marquise… La Toyota #6 était tellement larguée que rien ne pouvait arriver… Mais allez savoir! Le retour en piste de la Porsche #2 et les chronos de Jani tranquillisaient les observateurs… Tout était ok. Puis le Suisse cédait le volant à Romain Dumas et ce dernier remettait le doute sur le coin de la table en annonçant à son ingénieur que la voiture n’était pas stable du train arrière… Par contre ses temps au tour ne tombaient pas… Ouf! Fausse alerte! Les contradicteurs pointaient au 5ème rang et en parvenaient pas à faire la différence. Mieux encore, Toyota laissait la #5 passer devant… Audi – Audi – Porsche – Toyota – Toyota – Porsche… Le classement ne changeait qu’à la faveur des passages par les stands… Mais personne ne comprenait la stratégie Toyota consistant à ‘abandonner’ l’équipage de la #6… Une fois encore et même s’ils n’ont jamais été en mesure de se battre réellement sur ce coup-là, les pontes japonais se sont loupés et ont omis de faire les petits calculs de base. Par leur faute, et même si nous apprécions l’absence de tactique d’écurie, l’équipage de la Toyota #6 se retrouve sur la toute petite marche du podium final du championnat. Dommage!
Reste que Jani et ses deux coéquipiers ont transpiré jusqu’au bout avant de pouvoir laisser éclater leur joie et coiffé la couronne mondiale qui leur tendait les bras depuis leur victoire aux 24 Heures du Mans… «Depuis Le Mans nous avons souffert, mais finalement une victoire aux 24H et le titre mondial la même année c’est juste génial…», disait Neel Jani à chaud. Il confirmait ensuite sur son compte tweeter «année folle et pas toujours facile à gérer, mais…» Pour la petite histoire relevons que les années paires semblent favorable aux helvètes de l’endurance puisque Jani devient champion en 2016, et succède à Marcel Faessler (2012) et Sébastien Buemi (2014)…
Egalement sur le départ, mais pour mieux revenir en P2, l’écurie helvétique Rebellion a signé un nouveau succès en LMP1 privé avec sa voiture #13 (Alexandre Imperatori-Mathéo Tuscher-Dominik Kraihamer)…
En LMP2, après une nouvelle lutte à couteaux tirés, l’Oreca-Nissan #26 (Rusinov, Brundle, Rast) s’est encore imposée…
Chez les pros du GT, l’Aston Martin #95 de Thiim et Sorensen a bouclé son pensum 2017 sur une victoire alors qu’une Porsche, la #88 (Al Qubaisi-Heinemeier Hansson-Long), décrochait la timbale en LMGTE Am.
Au classement général final, Neel Jani, Romain Dumas et Marc Lieb (160 points) sont champions du monde… Avec 147.5 unités Di Grassi-Duval-Jarvis s’octroient le titre honorifique de vice-champions… Et suivent Kobayashi-Conway-Sarrazin avec 145 points.
Crédit images: cp Porsche + Audi, site WEC-Adrenal Media, archives Suisse AutoMag