Auteur: Gil Egger
Le sommet des gammes joue sur plusieurs tableaux: les capacités de franchissement, le luxe et la sportivité.
Porsche a renforcé les caractéristiques sportives de son Macan turbo. Déjà bien gonflé de vitamines, il gagne encore en dynamisme avec un châssis plus incisif. Juste dans la taille supérieure, le Cayenne possède en supplément des capacités dans le terrain réellement étonnantes, qui contrastent avec le luxe soyeux de son habitacle. Les deux SUV de la marque allemande peuvent affronter les chemins les plus ardus sans sourciller. La plupart des utilisateurs n’iront pas tenter le diable, ils pourront profiter des sorties organisées pour aller en toute sécurité s’émerveiller de passer en des endroits inimaginables. Ce qui est curieux avec ce genre de véhicule, c’est qu’il est également possible de se faire plaisir sur un circuit. Les châssis ont en effet tellement évolué qu’ils affrontent sans rougir les courbes bordées de vibreurs.
Des versions très musclées
Prenez l’un des derniers venus, le Bentley Bentayga. Mû par un moteur de 12 cylindres proprement stupéfiant, il est le premier de cette catégorie à dépasser, de 1 km/h, les 300 km/h. De la bombe pour autoroute allemande, dégagée bien entendu. Et sa forme montre que les angles d’attaque et de sortie lui permettent de franchir, au pas, et même à vitesse encore plus réduite, des gués et des pentes raides. Mercedes-Benz accole les trois lettres magiques AMG sur ses modèles les plus dynamiques. Les gammes GLE, GLC, en version normale ou Coupé, n’attendent que cela pour faire parler la poudre. Audi ajoute un S ou un RS pour identifier ses Q5 et Q3 les plus richement dotés côté moteurs. Même le petit Q2 s’y met. Bien servis par une transmission quattro qui a largement fait ses preuves depuis longtemps, ils jouent dans le même registre. La lettre M jouxte les dénominations X5 ou X6 de BMW. Elle signale le traitement particulier voué à procurer à ces SUV des performances ultimes, que ce soit avec des moteurs diesel ou des moteurs à essence largement suralimentés.
Une habitude que Range Rover a toujours eue avec ses V8. Le Range, taille majestueuse, ou le Sport, plus facile à manipuler, ont des ressources bien réelles, chrono en main. Dans le même genre, le Jaguar F-Pace, déjà impressionnant par le couple de son diesel, peut aussi jouer les machines rageuses avec le V6 essence suralimenté, dont la sonorité flatte les oreilles des amoureux de la mécanique. Le Jeep Grand Cherokee SRT fait généreusement vrombir un moteur magique: un V8 de 468 ch animant une sorte de monstre apprivoisé. Les trémolos italiens d’un six cylindres Maserati rendent le Levante très typique. L’Alfa Romeo Stelvio devrait jouer la sportivité également, il arrive encore cette année.
Autre approche bien dans l’air du temps pour Volvo: le XC-90 le plus puissant ne recourt plus à un V8, même aux Etats-Unis. Un 4 cylindres généreux se voit largement aidé par un moteur électrique, avec batteries rechargeables, pour aboutir à un total de 400 ch. Les deux propulseurs, un à essence, un électrique, animent le Lexus RX450h, un des premiers du genre. De taille inférieure, le NX 300h E-Four comble les besoins d’espace plus modestes. Ils sont désormais accompagnés d’un modèle à la transmission plus traditionnelle, le RX 200t. La mode des SUV a déteint partout, les plus prestigieux d’entre eux en sont la preuve.
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Le confort hors routes peut aussi être abordable
Le public a choisi: les SUV, crossover ou purs 4×4 plaisent. Il n’est pas obligatoire de disposer d’un budget exorbitant, tous les goûts sont permis.
A part les spécialistes du haut, du très haut de gamme, puisque même Rolls Royce songe à créer son SUV superlatif, les généralistes comme Audi, BMW ou Mercedes-Benz s’intéressent également à une clientèle plus large. Et plus exigeante, non sur la puissance pure, mais, par exemple, sur l’autonomie et la consommation. Ce n’est pas pour rien si Porsche a installé des moteurs diesels dans ses SUV, et que Bentley est en train de préparer son V8 de même carburant pour le début de l’an prochain. Même chose pour le Maserati Levante. Ce n’est pas tant le marché suisse qui est visé que presque toute l’Europe.
Une facilité offerte depuis longtemps par Volvo, Mercedes-Benz, BMW et Audi. Tout comme celle de jouer avec sagacité la carte de la consommation raisonnable. Sans aller jusqu’à se confiner aux deux roues motrices, que les Suisses achètent moins volontiers, les petites motorisations, avec un équipement un peu moins pléthorique, ont de quoi allécher les amateurs. On peut être étonné (en bien) des tarifs affichés par les modèles de base, BMW X1, Mercedes GLC, Audi Q2, Q3, Volvo XC-60. On reste dans un certain niveau de proposition d’équipement et de confort, où le Range Rover Evoque a rapidement su se faire une place grâce à l’originalité de sa forme. Il est le seul à oser enlever le haut, le Convertible faisant la joie des amateurs de décapotables. Moins typé, mais diablement efficace dans le terrain, le Land Rover Discovery Sport joue très habilement sur des codes différents, plus simples et plus adaptés à l’une de ses vocations qui est d’être un véritable outil. Tout récemment, le «grand frère» Discovery abandonne le tout acier pour s’orienter vers l’aluminium, en conservant des capacités formidables pour les professionnels, comme un pouvoir de traction important, une technologie très aboutie pour traverser les terrains les plus scabreux qui soient. Pas encore disponible, il est attendu notamment par des artisans ou des personnes très actives qui ont besoin de tirer une remorque ou un van.
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Les propositions abondent
La concurrence a pris un tour très vif. Toutes les marques se mettent à proposer des véhicules un peu plus hauts sur pattes, avec si possible une transmission aux quatre roues. Et les renouvellements sont constants. Volkswagen a donné un visage plus statutaire au Tiguan. Ford ajoute à son nouveau Kuga un Edge luxueux et compétitif. Avec son CX-5, Mazda a fait un tel carton qu’il a eu la bonne idée de créer le CX-3, plus compact, très équipé et fidèle au «Kodo design», proche de la nature et fin. Champion du monde des crossover à mi-chemin entre la berline et le tout-terrain, Nissan soutient le succès du Qashqai, que l’on ne peut plus obtenir avec 20 cm de plus et sept places, il faudra se tourner vers le X-Trail. Autre trublion à la figure originale, le Juke, tout arrondi sur lui-même avec ses gros «yeux», a pris place dans les garages autant des jeunes que de personnes plus mûres. Une catégorie qui intéresse Toyota, son futur C-HR aura une taille plus ramassée que le RAV4. Encore plus mélangé dans sa vocation, le XV de Subaru a su jouer la mixité entre break et berline.
La compacité à toutes les sauces
Du haut sur pattes, d’accord, mais tout le monde ne veut pas d’un géant. Toutes les tailles cohabitent. Dans le genre, assez compact pour une utilisation au quotidien, le Subaru Forester fait figure de pionnier. Même les Français, toujours réticents avec les châssis à traction intégrale, proposent des solutions, à l’image de Renault qui a judicieusement redonné de la fraîcheur au Koleos et s’est inspiré du succès de Captur (à deux roues motrices) pour créer le Kadjar. Peugeot a franchi le pas de la silhouette SUV pour ses 2008 et 3008, sans faire de même pour le châssis: ce sont des tractions. Les Italiens ne sont pas restés inactifs et, dans la foulée d’une déclinaison toujours plus large de la Cinquecento, ont pris une base de leur partenaire Jeep pour installer la 500X, assez réussie sur le plan de la ligne. Jeep, forte de ses 75 ans d’histoire, surfe sur un succès réjouissant. Le Renegade, premier modèle portant ce label à être construit en Italie, a tôt fait de rencontrer son public. Plus statutaire, le Cherokee a adopté un visage résolument moderne et des équipements de plus en plus complets.
Des goûts et des formes
La taille compte et Suzuki a complètement revu la silhouette de son Vitara, au design plus agressif que son prédécesseur. La modernité des choix se vérifie à la solution de carrosserie à deux tons, très chic. Honda redonne des vitamines à son éventail en proposant des variantes spécialement équipées du CRV. Mitsubishi avance deux propositions sous la forme de son petit ASX et de l’Outlander, le premier plug-in hybride dans son genre. Il ne l’est pas resté longtemps puisque le pionnier de cette double motorisation, Toyota, l’a mise à bord de son RAV4, entièrement remodelé pour l’occasion. Pour ne pas être en reste, le Coréen Hyundai a zappé son ix35 pour revenir à un nom que personne n’a oublié, Tucson. Ses capacités dans le terrain sont réelles. Pour le démontrer le constructeur a carrément creusé une piste très technique devant son siège en Allemagne. La société sœur Kia joue sur les arcs de cercle les plus purs possibles pour donner au Sportage un visage reconnaissable entre tous. Le Niro du même constructeur se glisse dans la niche des crossover hybrides. On n’en dira pas tout-à-fait autant pour Mini, dont la version Countryman 4×4 a certes des rondeurs, mais conserve la silhouette cubique générale.
Le plus récent de ces véhicules très tendance chez Opel a été rebaptisé Mokka X. Un travail de simplification a rendu le visage plus lisse, plus onctueux. Comme ses concurrents, il joue la carte de la polyvalence et de la connectivité pour convenir aux citadins… et aux autres, qui ne sont pas en reste sur ce plan.
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Donnez-nous un grand volume!
Retour aux sources pour certaines des nouvelles apparitions dans la galaxie des SUV ou 4×4: on veut de l’espace, beaucoup d’espace.
Les premiers utilisateurs de gros véhicules à traction intégrale, avec ou sans boîte de réduction, se recensaient dans les professions, ou les loisirs, nécessitant du volume et du pouvoir de traction. Tirer un van, une remorque de bateau, emporter en plus tout l’équipement des sportifs, bref, il fallait de la place. De nos jours, plus besoin d’être typé de la sorte: il suffit d’avoir une famille, le reste coule de source. Prendre les copains pour les emmener au foot ou, mieux encore, au hockey, exige évidemment un espace de rangement confortable. Les Jeep Grand Cherokee, Range Rover, Volvo XC-90 répondent parfaitement à cette demande. Le Mercedes GLE, le BMW X5 également, mais moins leurs variantes au toit en arc de cercle X6 pour BMW et GLE Coupé pour Mercedes. L’Audi Q7 les accompagne, qui a subi une nécessaire remise au goût du jour de sa silhouette, la précédente lui donnant une allure plus massive que de raison. Tous ces véhicules sont parfaitement adaptés à cet usage de transport en mode encombrant. Le Porsche Cayenne et le VW Touareg ont aussi leur carte à jouer. On donnera une note plus férocement aventureuse au Land Rover Discovery et au Toyota Land Cruiser, que l’on trouve aussi dans des déserts ou des paysages montagneux aux accès difficiles. La dernière édition du Land Rover Defender s’est vendue deux fois plus que l’année d’avant: son successeur est très attendu, les passionnés se déchirent déjà sur ce qu’il devrait apporter. On ne touche pas sans autre à une légende…
Des nouveautés inédites
Plus récemment, on a vu apparaître des déclinaisons presque aussi volumiques comme le Škoda Kodiak ou le Seat Ateca. Deux marques qui n’avaient pas encore joué la carte de cette silhouette, même si Škoda a toujours un Yeti très pratique, dont le renouvellement approche. L’Opel Antara commence aussi à avoir une longue carrière, son successeur ne devrait pas tarder, il est annoncé dans les trois prochaines années. Cadillac a conservé sa ligne originale, légèrement adoucie, pour le XT5, alors que le gigantesque Escalade continue à séduire les amoureux des produits d’outre-Atlantique. En marge, on peut considérer le 4×4 XLV de Ssangyong comme un «break SUV». C’est une émanation du Tivoli, dotée d’un coffre au volume supérieur.
Les berlines adoptent la traction intégrale
Il suffit d’un jour blanc pour que les automobilistes qui ont choisi une voiture à quatre roues motrices se félicitent. Notre pays est champion du genre. Même certaines citadines s’y sont mises: Suzuki a rapidement conquis son public avec la compacte Swift dotée de la transmission intégrale. La nouvelle Ignis, elle aussi de taille compatible avec la ville, la complète. Le choix est vaste. Audi accole le badge quattro sur ses A1, A3, pour rassurer les conducteurs et les conductrices qui ont besoin de cette sécurité.
Toutes les tailles
Les étiquettes changent, les principes restent: offrir quatre roues motrices, si possibles gérées électroniquement pour répartir la traction de manière judicieuse. Audi a son label, BMW nomme son système XDrive, Mercedes 4MATIC, Volkswagen 4MOTION, etc. On les trouve sur des véhicules très différents, cachés dans des berlines statutaires, comme l’Audi A4, la BMW Serie 5, récemment remise à neuf, les Mercedes Classe C ou E ou des compactes stylées comme la Mercedes GLA. La VW Golf et la Passat se vendent bien dans ces variantes. Pour passer un peu mieux dans les chemins très inégaux, les versions Alltrack ont quelques centimètres de garde au sol supplémentaires. Chez Audi, on les appelle Allroad. Besoin d’un très grand break du même genre? Volvo a déjà annoncé que sa V90 Cross Country allait voir le jour, après des déclinaisons dans des tailles plus raisonnables de sa gamme.
Le plus insistant reste Subaru, qui a toute sa gamme dotée de son système de transmission Symmetrical AWD. La récente Levorg cumule une certaine compacité avec le volume appréciable d’un break. Opel a aussi mis du 4×4 dans l’Insignia, en berline ou break. Škoda a toujours réussi de beaux scores, son Octavia n’aurait pas conquis une place dans le trio de tête des voitures les plus vendues en Suisse sans sa proposition 4×4. Chez Seat, la Leon 4Drive utilise la base générale du groupe VW et sous le nom Xperience, joue les tous chemins. Pour certaines catégories, ce sont les modèles les plus sportifs qui répartissent la puissance aux quatre angles, ainsi Alfa Romeo et sa Giulia très spectaculaire. Les amateurs de Porsche de notre pays font aussi le succès d’une Carrera 4 ou 4S. Les familles pourront se tourner vers un monospace géant, le Seat Alhambra. Et dans les breaks XXL, le Volvo V90 Cross Country offre de quoi emporter quantité de bagages.
Bref, l’éventail est si ouvert qu’il est impossible de citer tout ce qui existe. Le plus simple consiste à franchir la porte d’un concessionnaire et de lui poser la question sur ce qu’il peut proposer. Les transmissions aux quatre roues assurent de pouvoir rouler dans toutes les circonstances, ou presque. L’enthousiasme des Suisses pour elles s’explique par les incertitudes que le ciel aime à nous faire vivre. Quand on ne sait pas ce qu’il va advenir, autant avoir les outils nous mettant à l’abri des surprises.
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Utilitaires: les pick-up se civilisent
Les modèles les plus vendus aux Etats-Unis sont les pick-up. Le nombre de maisons individuelles et de cabanes de week-end l’explique. Et ici?
Même marginaux, les pick-up intéressent beaucoup de marques. On en veut pour preuve que Renault se base sur celui de son allié Nissan, le Navara, pour proposer un Alaskan au fort potentiel de chargement. Le futur Mercedes-Benz Classe X n’ira pas chercher beaucoup plus loin puisqu’il sera issu d’une collaboration avec Nissan, qui en connaît un bout sur la question.
La mode américaine
Aux Etats-Unis, le véhicule le plus vendu, toutes catégories confondues, est le Ford F-150. Il rend évidemment beaucoup de services, mais si Ford en a vendu plus de 33 millions en 37 ans, c’est aussi parce qu’il correspond à la définition d’un «véhicule plaisir». Les concurrents l’ont tous imité, ils vendent eux aussi des quantités de pick-up. Ne le cherchez pas en Europe, où sa taille poserait un peu trop de problèmes dans une multitude de parkings, il existe un petit frère à la même vocation, plus raisonnablement dimensionné, le Ranger.
Autrefois, on regardait ces utilitaires de haut. Ils étaient bruyants, consommaient trop, avaient un confort tout relatif. La donne a bien changé. Les artisans qui les choisissent sont demandeurs de calme, de budget carburant comprimé et veulent pouvoir écouter leur musique préférée sans sonorité de casserole. Mission accomplie! Un Mitsubishi L-200 a suivi cette exigence et s’est civilisé. Le raffinement s’observe aussi dans un des derniers venus, qui a bousculé le marché: le Volkwagen Amarok. Sans complexe, il a choisi une taille maxi pour l’Europe, différentes motorisations, et peut avoir une transmission intégrale très élaborée.
Avec des résidus de rusticité selon que l’on acquiert l’entrée de gamme ou que l’on puise dans les équipements en option, on notera que le Toyota Hilux poursuit une carrière étonnante, qui fait de lui un leader. Un Mazda BT-50 a pour lui une robustesse à toute épreuve. Le Ssangyong Actyon Sport joue sur les options, notamment un couvercle d’espace de chargement très design, pour séduire les bobos urbains.
Et si vous commenciez par plus petit? Il vous faudra attendre, les propositions sont rares, mais il semble que chez VW, Fiat, Dacia des idées soient sur le point d’aboutir.
/ Gil Egger