… Ou quand la belle s’habille en bête sous le sigle GT-R…
S’aventurer à séparer la belle et la bête qui animent la Nissan GT-R serait superflu. Comme dirait l’autre, il faut la prendre comme elle est, aussi belle que bête, ou alors serait-ce aussi bête que belle? Peu importe! Hormis une consommation… disons substantielle, la GT-R est un objet de bonheur.
Il s’agit, c’est évident, d’aimer la conduite sportive, les petits bruits inhérents à une boîte et un châssis très typés sport, et la dureté des suspensions d’une véritable voiture de sport. Pas juste une berline déguisée en sportive, une vraie limousine tournée vers la conduite à la limite… Inutile de préciser que sur les routes helvétiques, ce genre de bijou s’ennuie et est un danger potentiel pour le bleu, d’ailleurs devenu rose depuis son passage au format carte de crédit.
Notre chance est d’avoir pu faire la route en direction du Nürburgring avec cette GT-R mis à notre disposition par Nissan Suisse. Avec, il va sans l’écrire, une impatience maitrisée tant sur les routes suisses que françaises en attendant les autoroutes allemande… Alors reprenons depuis le début.
La GT-R n’est certes pas la voiture idéale pour le shopping ou les commissions hebdomadaires. Elle n’est pas non plus à son aise lors des trop longs parcours en ville. Même si elle se laisse manœuvrer avec une certaine souplesse.
Sa vocation première c’est la route. Les virages sinueux dans lesquels elle fait preuve d’une agilité (presque) sans limites. Et les portions rectilignes qui lui permettent d’exprimer toute sa vigueur. A condition d’aimer ça et d’oublier son smartphone pour se concentrer pleinement sur la conduite, c’est juste génial. Pour mémoire, l’écurie de la GT-R compte 550 chevaux qui ne demandent qu’à galoper et qui adorent qu’on leur lâche la bride. Sa puissance mise à part, la GT-R fait également preuve d’une remarquable souplesse (632 Nm), complément agréable à une conduite sportive. Et puis, l’ensemble est solidement accroché à une traction intégrale et parfaitement orchestré par une boîte 6 rapports à double embrayage. Sans oublier le ronronnement du V8 de 3.8 litres et l’efficacité du système de freinage Brembo. Un pur bonheur!
A prime abord, cette Gt-R fait un peu peur. La dureté des suspensions, la précision de la direction et les sièges Recaro bien enveloppants peuvent procurer le sentiment d’un confort discutable. A l’usage, il n’en est rien. Après des centaines de kilomètres, même pas mal au dos, même pas la moindre courbature, tout était parfait. Pour le reste, le tableau de bord est à l’avenant. Fonctionnel, précis, bien disposé, il facilite la conduite tout de même exigeante de ce que les gens de chez Nissan appellent ‘Gozilla’. Heureusement, la GT-R est beaucoup moins pataude que le dit personnage…
Elle se veut même impressionnante lorsque le pied droit appuie sur la pédale située du même côté. Avec une vitesse allemande conseillée à 130 km/h, il s’agit d’abord de dompter la bête… De la laisser prendre ses marques et surtout de prendre les siennes. Une fois le round d’observation effectué, le compteur indique 150… Le pied s’enfonce légèrement et l’aiguille monte sur 200, puis 220, puis… Avouons-le, nous n’avons pas osé pousser jusqu’à l’extrême, tant la limite semble loin. Pire encore, elle donne l’impression de s’éloigner au fur et à mesure des événements. Aucune inquiétude, pourtant. La tenue de cap est impeccable. Le sentiment de sécurité aussi.
Bon ça suffit! La GT-R n’est de toute évidence pas une voiture à mettre entre toutes les mains. Non pas que nous pensions être meilleurs que d’autres, mais elle reste une bête face à laquelle il s’agit de faire preuve d’humilité. A témoin, le conseil du garagiste lors de la remise des clés: «il serait sage de ne pas déclencher les assises à la conduite». Et vous savez quoi? La belle s’est montrée tellement câline que nous n’avons même pas pensé à lui en demander plus.
En résumé, cette GT-R est merveilleuse sauf peut-être sur le plan de la consommation. Certains affirmeront qu’il est difficile de demander le beurre et l’argent du beurre, reste qu’au jour d’aujourd’hui une douzaine de litres de super 98 pour cent kilomètres, c’est un peu beaucoup. Mais que les choses soient claires, durant cette semaine de plaisir la consommation n’a pas réellement réussi à ternir le tableau. Tant il est vrai que chaque chose a son prix. Et bien parlons-en du tarif Nissan, la GT-R y est affichée entre 116’900 et 133’900 francs, au gré des versions ‘premium’, ‘black edition’ ou ‘track edition’. Une palette à laquelle viendra s’ajouter l’exécution Nismo (600 chevaux) dès l’année prochaine.