Auteur: Gil Egger
Le toit part, les arches restent
Comment ne pas se ruiner en s’offrant une variante découvrable d’une voiture à succès? L’idée géniale a été appliquée par DS et Fiat.
Mine de rien, un cabriolet a beau ressembler à la voiture de série dont il est originaire, sa structure demande des renforts sérieux et de nombreuses adaptations. Au final: des investissements colossaux. La tentation de proposer un véhicule axé sur le plaisir de profiter de l’air ambiant est très forte. Alors, il faut imaginer, inventer. La solution consiste à conserver au maximum ce qui fait que la caisse garde un indice de torsion très élevé, à savoir les arches du toit.
La moitié du cabriolet
Chez DS, on s’est ingénié à jouer sur les mots. Puisque la nouvelle DS3 n’allait pas se débarrasser de tout ce qui dépasse la ligne à hauteur des portes, pare-brise exclu, décision fut prise de choisir un nom évocateur: DS3 Cabrio. La moitié de «cabriolet» si l’on veut, une forme de clin d’œil amusant. Mais cette solution est loin de la banalité. La toile couvre toute la surface supérieure, la vitre arrière est parfaitement normale, avec dégivrage inclus. Quand on envisage de profiter du beau temps, plusieurs solutions s’offrent. D’abord, utiliser le mécanisme comme celui d’un toit ouvrant normal, en dégageant l’espace au-dessus de la tête des passagers avant. Plus loin, on fait de même pour les occupants des sièges arrière. On arrive ensuite à plier le tout très en arrière, la glace s’efface aussi. Quid de la visibilité? Le rétroviseur intérieur ne sert plus à rien, la vue est occultée. Cela n’a rien d’illégal, évidemment, mais pourrait être considéré comme un inconvénient si DS n’avait pas pensé à tout: le radar de recul est de série, les parcages sont facilités même sans vision directe.
Fiat ou Abarth?
Chez Fiat, la démarche n’est pas différente. La 500 a déclenché une vague de sympathie si gigantesque qu’il fallait forcément la prévoir en décapotable. Elle s’appelle sobrement 500C. Les hédonistes hommes ou femmes aimant la sportivité pourront la choisir avec le logo Abarth où son look apparaît bien plus méchant. La toile court sur toute la longueur du toit et, quand elle est escamotée, laisse presque l’illusion d’un vrai cabriolet, si on prend la précaution d’ouvrir également les vitres latérales.
Des voitures qui déclinent le plaisir en n’oubliant pas le confort. Quand il fait beau, mais frisquet, le chauffage est efficace. En hiver ou par mauvais temps, les épaisseurs de toile protègent idéalement. Etanchéité sans reproche, isolation phonique très acceptable. Voulez-vous un bémol? Il est évident: le volume et l’accessibilité du coffre sont un peu réduits. Si l’on ne pose pas comme exigence de partir avec de grosses valises, ce n’est qu’un inconvénient mineur. Le soleil n’est pas toujours fidèle, en jouir avec une commande électrique facile peut être très tentant. Pourquoi se priver de ce plaisir? / Gil Egger
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La grande revanche de la toile traditionnelle
Les modes s’imposent, deviennent impératives, puis s’estompent. Celle des «toits escamotables» ne déroge pas à la règle. Vive la toile!
On pourrait l’oublier, mais la plupart des voitures des débuts de la motorisation n’avaient pas de toit. Du tout! Les courageux passagers avaient intérêt à s’équiper, car il n’y avait aucun chauffage non plus. Nous sommes loin de ces temps héroïques. Il est resté une tentation éternelle, celle d’avoir la tête à l’air libre. Les cabriolets ont de tout temps répondu à cette attente. Récemment, la mode était aux toits amovibles. Tout le monde, ou presque, s’y est mis. Cela permettait d’avoir une tôle au-dessus de soi quand les conditions météorologiques étaient exécrables, la cerise sur le gâteau étant une isolation phonique quasiment parfaite. Aucun avantage de ce genre ne va sans inconvénient, là il y avait la réduction assez spectaculaire du volume de la malle arrière. Le raisonnement était simple: vous partez au sud, vous prenez sûrement l’autoroute, donc vous emportez vos valises en laissant sagement le toit en place. Une fois arrivé sur votre lieu de villégiature, adieu les bagages, bonjour la liberté de rouler à l’air libre.
Sauf que, sur le plan du poids, de la rigidité et de l’industrialisation, cela ne va pas de soi. La plupart des constructeurs sont en train d’hésiter: aucun successeur n’est visible à l’horizon pour VW Eos, Ford Focus CC, Peugeot 308 CC. Ne reste pratiquement que la Série 4 de BMW à poursuivre dans cette voie, et encore, uniquement en parallèle au toit en toile que l’on retrouve sur la fameuse Série 1 et Mini. Autre incertitude quant à la suite de l’aventure, la C70 de Volvo avec son toit très sophistiqué en trois parties et la Renault Megane CC, toujours au catalogue, mais dont l’avenir reste flou.
Le tissu sait se faire noble
Les cabriolets disponibles actuellement ont tous adopté les solutions les plus récentes en ce qui concerne les toiles. Plusieurs couches assurent non seulement une étanchéité parfaite, ce qui est la moindre des choses, mais également une protection très satisfaisante contre le bruit. Il n’y a guère que dans les tunnels que l’on peut déceler une différence importante entre un toit en dur et une capote moderne.
La star de la Suisse s’appelle VW Golf. Ce statut, de même qu’une production mondiale gigantesque, permet au groupe de proposer un cabriolet doté d’une multitude de moteurs. Il est même possible de l’obtenir en GTI et avec le fameux «R» synonyme d’une débauche de chevaux sous le capot. Logique de groupe respectée: Audi profite des progrès pour continuer la lignée A3 avec une variante décapotable, également avec une large déclinaison de moteurs, diesels et «S» comme sportive compris. En recherchant l’originalité, le regard se tournera vers l’indétrônable Beetle, unique, avec sa capote restant posée derrière les sièges. Les variantes portant les chiffres des années 1950, 1960 ou 1970 sont autant de clins d’œil au passé inauguré par la Cox. Petit coup de cœur pour les pneus à flancs blancs, délicieusement rétro.
Muscles apparents
Aimer sentir les effluves de la campagne, se laisser caresser par le soleil procure des moments privilégiés. Il s’y ajoute une dimension plus personnelle, la petite satisfaction, secrète ou avouée, d’être vu. Dans ces circonstances, autant miser sur le réflexe qu’ont certains adeptes d’un culturisme tranquille, T-shirts serrés et manches courtes. Ceci afin de montrer des muscles, ce que réussissent fort bien les véritables mythes, adaptés à l’esthétique de notre temps, que sont la Chevrolet Camaro et la Mustang, seul véhicule de Ford où le nom de la marque n’apparaît pas.
Mariant le bon goût à la jouissance de la nature, Mercedes-Benz sait qu’un plaisir partagé vaut mieux que celui de l’égoïste. Les quatre places de ses cabriolets des gammes moyennes répondent parfaitement à ces aspirations. Affublées des lettres AMG, les voici dotées de chevaux à revendre. La concurrence dans ce segment très prisé n’est pas en reste, voyez la très profilée Audi A5, avec ou sans le «S» pour le côté puissance. En regardant de tous côtés, pourquoi ne pas citer encore BMW, qui pousse également le jeu vers le haut avec les belles Série 6, voire l’explosive M6. Dans ce haut de gamme, les cabriolets à quatre places se nomment aussi Maserati GranCabrio, Bentley Continental GTC sans parler de la Phantom Drophead de Rolls-Royce, aux dimensions pour le moins généreuses. / Gil Egger
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L’Opel Cascada vitaminée
Quand Opel a présenté son cabriolet Cascada, les éloges ont fusé. Mérités. Il ne lui manquait qu’un peu plus de punch.
La ligne très pure de l’Opel Cascada, sa longueur confortable et son degré de finitions élevé ont tôt fait d’effacer l’Astra décapotable des mémoires. Les designers ont réussi un joli coup, démontrant la pertinence des choix de la filiale de General Motors de miser sur les formes et la qualité pour revenir aux premières places.
Le moteur qu’il fallait
On a beau se dire que l’absence de toit incite à la balade tranquille, rien n’y fait: un jour ou l’autre le désir, ou le besoin, de disposer de puissance se fait sentir. Il suffit de vouloir dépasser pour qu’il apparaisse. Opel n’a pas négligé cette donnée et a installé un moteur de 200 ch sous le capot. Ainsi regonflée, la Cascada affiche un bel équilibre, avec juste ce qu’il faut de punch pour pouvoir être qualifiée de dynamique. Les 200 ch sont issus d’un moteur à la cylindrée limitée, 1,6 l. Le turbo favorise le couple, qui est de 300 Nm dès 1750 t/min, autant dire que les reprises sont facilitées. Ce genre de technologie offre l’avantage de la frugalité quand on roule relax, de la réactivité quand on se décide à «appuyer».
Le reste est à l’avenant. En prenant place à bord, il est évident que les consignes d’augmenter la qualité perçue ont été suivies à la lettre. La capote est l’une des plus isolantes qui soient, le toucher des matériaux révèle le soin apporté à leur choix. La facilité d’ouverture et de fermeture de la capote est une merveille sous nos latitudes où il convient de jouer parfois avec le soleil, qui se montre entre deux nuages, voire deux averses. La possibilité de découvrir la voiture tout en roulant (doucement, maximum à 50 km/h) enlève toute excuse à ne pas profiter pleinement des éclaircies qui surviennent. Si l’on opte pour un intérieur en cuir nappa, le sentiment d’avoir pris place à bord d’une automobile d’un segment supérieur vous envahit. Un joli coup réussi par Opel, qui prouve qu’on peut revenir dans la course en effectuant des choix clairs.
Le luxe poussé par un moteur fastueux
Encore plus raffiné que ses prédécesseurs, le cabriolet de Bentley reçoit un moteur puissant, souple et enthousiasmant.
La Bentley Continental GTC V8S se présente sous la forme d’un grand cabriolet aux épaules massives. Quatre places, encore que les deux passagers arrière devront avoir une taille réduite pour accepter de longs trajets.
Sous le capot, c’est une symphonie en V8 majeur. Il suffit d’évoquer la puissance de 528 chevaux et le couple de 680 Nm pour s’en faire une idée. Tous les ingrédients du plaisir sont réunis: la puissance, la maîtrise des trajectoires grâce à la transmission intégrale permanente, le son qui devient rauque en position Sport. Soigné, l’aérodynamisme limite les flux indésirables lorsque la capote est escamotée. Seul à bord pour ne secouer personne, il est jouissif de s’adonner aux joies de la bousculade d’un châssis qui l’affronte avec sérénité. Le poids se fait oublier et la gestion parfaite des contrôles de motricité et de traction donne juste le coup de main adéquat aux intentions du conducteur.
La dernière mouture sortie des ateliers de Bentley semble issue des talents d’un sculpteur tant elle paraît aboutie. Les circonstances d’un parcours de test au nord de l’Italie nous ont valu de vérifier très soigneusement l’étanchéité de la capote. Des trombes d’eau ne lui font pas peur. Fort heureusement, le soleil ne fut pas rare et il permit d’ouvrir la capote, tout en roulant à vitesse modérée, afin d’en profiter. Grand cabriolet au luxe teinté de bon goût britannique, cette Continental GTC marie la puissance et l’élégance. / Gil Egger
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Les roadsters ou le plaisir à deux
Le segment a fait la joie des Anglais. Ils sont d’ailleurs les plus gros acheteurs de cabriolets et de roadsters… malgré la météo réputée humide.
Elles s’appelaient MG Midget, Triumph Spitfire, Austin Healey. Ces anglaises ont marqué leur temps. Les roadsters offrent deux places strictes, mais ils assurent le plaisir. Ou les plaisirs: celui de se déplacer en profitant du ciel et du soleil, celui d’avoir des engins de caractère. Et la satisfaction inavouée de rouler en faisant tourner les têtes. Reste, comme symbole absolu, la Morgan, au châssis composé de chêne.
Le mythe renouvelé
Il y a 25 ans, personne n’aurait prédit une telle carrière à la Mazda MX-5. Dans quelques semaines, vous pourrez voir rouler sur nos routes cette icône, complètement renouvelée. Sa ligne magnifique doit tout au Kodo Design, autrement dit «l’âme du mouvement». Allégée, rigidifiée, elle procure un réel plaisir de conduite, même avec le petit moteur de 1,5 l. la formule reste inimitable et… inimitée.
On peut chercher, les voitures mariant le plaisir à deux et la performance ne sont pas légion. On peut se réjouir qu’Audi poursuive l’aventure de la TT, en continuant à proposer des moteurs variés. Nissan a toujours la 370 Z avec capote au catalogue. Très craquante, la Lotus Elise demande certains sacrifices à la hauteur des vertèbres, sa dureté permettant par ailleurs de lui faire goûter aux circuits où elle se montrera à l’aise.
La BMW Z4 est en compétition avec la Mercedes-Benz SLK dans la configuration du toit en tôle escamotable. Jaguar reste fidèle à la toile avec la superbe F-Type, elle aussi disponible avec plusieurs moteurs. La nouvelle ligne de la Corvette dessine un roadster époustouflant.
En lorgnant du côté de l’exceptionnel, impossible de contourner les propositions de Porsche. La dernière, une Boxster Spyder très méchante profitant du moteur de la 911. Trop extrême? La 911 reste un choix sportif et luxueux, avec deux strapontins en guise de sièges de secours. Nouvelle venue, aussi sportive que magnifique, l’Alfa Romeo 4C Spider suscite bien des envies. Mercedes-Benz a remis au goût du jour sa SL, avec toit en dur également.
La McLaren 650S ou la Lamborgini Aventador, l’Audi R8 roadster, la Ferrari California T ou l’Aston Martin Vantage, les voitures de prestige se doivent d’offrir une version digne des lignes droites bordant les plages californiennes. Ce qui n’empêche pas de les trouver parfaitement craquantes de ce côté de l’Atlantique… / Gil Egger